LE REGARD DES ÉPOUVANTAILS

Les épouvantails Il y a 60 ans en arrivant en Provence, j’ai photographié pour la première fois des épouvantails. A cette époque ces silhouettes fantômes faisaient partie du paysage agricole. Les paysans décoraient les champs avec ces personnages faits de bric de broc, ils savaient très bien que leur efficacité était très limité, mais l’installation de l’épouvantail représentait un symbole pour espérer une bonne récolte. Le rôle de l’épouvantail est de faire peur aux oiseaux, mais c’est connu que les oiseaux s’habitue très rapidement à ces silhouettes immobiles. Il faut dire qu’à cette époque il y avait beaucoup plus d’oiseaux que de nos jours.

Les dernières années j’ai passé beaucoup de temps en Ethiopie où je me suis intéressé à l’art populaire. J’ai photographié les maisons peintes des Benchs, une tribu de paysans qui vit dans les montagnes à 500 km au Sud d’Addis-Abeba. C’est là, chez les Benchs que j’ai découvert également des épouvantails avec beaucoup de singularité et de personnalité. La-bas, ils sont faits par les enfants qui ne manquent pas de créativité et de fantaisie, mais le but reste toujours de faire peur aux oiseaux et en Afrique aux singes, les babouins. La très grande variété des expressions des visages m’a impressionné et pendant plusieurs années je les ai photographiés. C’est un art populaire et en même temps un hymne à la création.

HANS SILVESTER