Embarquement immédiat

tournée du nougaro trio

nouvelle édition !

 
 
Embarquement immédiat.jpg

Retour de lecture

Je viens de terminer mon "Embarquement immédiat" de Luc Douche. J'ai avalé à vive et fière allure ces 250 pages comme autant de kilomètres effectués par le Nougaro Trio, dans une tournée de patron(s) qui a sillonné le Sud-Ouest, en passant par Paris, vidant la bouteille de son précieux nectar tannique et tonique, travaillé avec patience et passion, amour et amitié.

C'est un récit touchant, à bout portant, bien que pudique et respectueux. Une narration rythmée délicatement par des bouts de paroles de chansons de Claude comme autant de petits cailloux semés pour suivre notre ami (en) chemin.

On y découvre de l'intérieur et dans son quotidien un Nougaro intime, l'artiste, l'homme. Un être complexe (complexé ?) engagé tout entier dans la création multiple, tout imprégné de cultures : poésie, musiques, bien-sûr, mais aussi danse, peinture, dessin, photographie... Pour celles et ceux qui sont tombés tout petit dans la marmite où Nougaro mijote ses mots à cuisiner, ce n'est pas une surprise. Mais, bien que j'ai déjà beaucoup lu, vu, entendu concernant Nougaro, j'ai continué grâce à ce livre qui se lit d'un trait de plume autant acérée qu'aérienne, à l'approcher un peu plus, entre régalade et rigolades, entre solitude et partage, entre jours et surtout nuits, entre ombres et lumières (incontournable éclairage de son œuvre), entre hommes et quelques femmes, l'arrivée d'Hélène, en 1984, peu de temps avant cette tournée qui a fait "jazzer", sonnant comme une promesse d'une aube nouvelle dans sa vie.

On le découvre aussi, sans ostentation, en mécène discret mais fidèle, en Pygmalion généreux et spontané de jeunes artistes, en homme de cœur et de corps ouverts sur les autres, même les plus "modestes" ou invisibles pour les spectateurs (techniciens, hôteliers, restaurateurs, ...), lors des rencontres faites dans l'exercice itinérant de son métier.

J'ai fait une lecture attachante parce que l'homme qui écrit sur l'homme qu'il décrit au plus près, avec tact et distance respectueuse, s'est attaché avec sensibilité à nous faire partager un moment de vie unique, extra-ordinaire, d'un être sensible (mais pas "sans cible" !), ami des mots jusqu'à la folie plus ou moins douce, plus ou moins rugueuse quand on s'y coltine comme l'a fait son "maître Jacques Audiberti", autre maçon de l'esprit.

Et puis, pour moi, cette lecture a été saisissante, me laissant sur mon petit nuage mi-nostalgique mi-poétique. En effet, lire dans ce bouquin l'hommage d'Henri Guérin, le 10 mars 2004, à la basilique St-Sernin ou la lettre d'encouragement de Jacques Bonnadier à l'auteur qui lui a adressé les quinze premières pages de son livre en gestation ou la rencontre de Luc Douche avec Hélène Nougaro pour lui remettre, en avril 2004, ses meilleures photos de la tournée du Nougaro Trio, a prolongé la magie de ces lieux habités par autant d'humanisme que de simplicité à l'image de ce qu'était Claude : "Je voudrais mourir en beauté, en bonté" (extraits de l'émission radiophonique "L'amour sorcier"). Dans ce même entretien avec J. Bonnadier, Nougaro parle de "ce monde où nous vivons qui est de plus en plus menacé et investi de microbes de toute nature (...). Pour moi, c'est ça le spectacle [avec le journaliste, il évoquait le dernier ballet de Béjart qu'il était allé voir], c'est la douche [nb amusé et amusant, significatif et pas seulement anecdotique : le photographe auteur du livre "Embarquement immédiat" s'appelle Luc Douche !], c'est la douche, le bain qui, en deux heures, te réinstalle dans tes origines intactes et te donne suffisamment d'énergie pour tout recommencer et sacrifier de nouveau à l'espoir.

Lire ces/ses propos à l'heure d'un déconfinement toujours hésitant et limité prend tout son sens et sa résonance. Nougaro a raison : le poète est visionnaire. Autrement dit, en Orient comme en Occident, c'est excitant de citer l'occitan. Si tout le monde n'est pas francophone, le rythme, les sons, le souffle du chanteur restent universels, avec sa voix pour plus bel instrument.

Format 15X21. 248 pages. 60 photographies et dessins en noir et blanc

28€

préface

Voici la preuve vivante que l’oeuvre du poète reste !

Comment imaginer un premier livre empreint autant de la voix de Claude, de son imaginaire, de son intériorité enluminée.

L’homme est décrit avec précision par la pupille argentique d’un jeune photographe insatiable qui absorbe tout ce que l’artiste lui révèle.

Claude Nougaro avait du coeur et offrait une main tendue à qui savaitla saisir.

Luc Douche croise la route du Nougaro Trio et c‘est un embarquement immédiat. Le jeune photographe éponge est attentif, l’oeil perçant, aussi sensible que ses pellicules.

En plus d’être le reporter de la tournée, Luc l’entourait de toutes ses attentions en bon camériste improvisé.

Sa mémoire photographique nous offre ici les détails de la vie de l’artiste complet qu’était Claude Nougaro, au détour d’une loge, d’un concert, d’un simple repas ou d’une de ses ballades oniriques. Claude lui ouvre les portes de ses amis, de ses musiciens, de ses compagnons de route, de sa maison et de son intimité.

Luc Douche nous livre ainsi les clés de sa créativité au quotidien et souligne en noir et blanc, les traits du poète accompli.

La rencontre de la poésie avec la photographie.

La fraîcheur de ce récit nous rappelle que l’amitié est à vivre profondément, et que dans notre monde où l’horreur bat des records, il y a encore une espérance en l’homme.