La chance et la curiosité m’ont fait découvrir en 2002 la tribu des Suris dans la vallée de l’Omo au Sud de l’Ethiopie. A cette époque, cette région était encore l’une des plus sauvage de l’Afrique, pas pour les animaux mais pour les hommes. Chez les Suri, j’ai découvert le talent de cette tribu pour la peinture corporelle et leur plaisir de s’embellir avec les éléments variés de la nature. J’ai immédiatement été fasciné par cet art et ce talent. De vrais artistes. Leur corps parfait, peint avec des couleurs naturelles éphémères est d’une beauté absolue. Des œuvres d’art vivantes. Parfois, la végétation est un prétexte de jeu pour transformer leur apparence. Une chevelure pour ce peuple dont la tradition est d’avoir le crâne rasé. La peinture corporelle et les végétaux qu’ils utilisent créent une beauté humaine, unique au monde.

Lors de mes trente neuf voyages j’ai voulu rassembler des témoignages de cet art trop fragile pour survivre à l’arrivée des temps modernes. Une telle créativité, avec autant de talent est d’une fragilité extrême. L’arrivée du miroir a brutalement stoppé la liberté d’expression et la fantaisie de l’invention. Il est triste de constater que dans le monde d’aujourd’hui l’art populaire est condamné à disparaître.

Hans SILVESTER